Après quatre ans et demi de privation de liberté me voici de retour en France.

Je tiens à remercier du fond du coeur la diplomatie française et en particulier la Cellule de crise du Quai d’Orsay et notre ambassade à Téhéran ; mon avocat qui a aussi été un soutien et une présence amicale incomparables ; mon institution Sciences Po, notamment Mathias Vicherat, Michel Gardette, Vanessa Scherer et Stéphanie Balme, mais aussi Bénédicte Durand et Frédéric Mion qui a su me faire parvenir son affection jusqu’en Iran ; la Mairie de Paris et notamment Marie-Christine Lemardeley ; la Mairie de Strasbourg ; mes collègues, du CERI et d’ailleurs ; le Réseau européen d’analyse des sociétés politiques (REASOPO), en particulier sa présidente Irene Bono ; mes amis en Iran et en Afghanistan dont les gestes de solidarité et d’amitié prodigués dans des conditions singulièrement difficiles m’ont beaucoup touchée ; mes petites familles iranienne et alsacienne, et la très grande famille de Béatrice ; toutes celles et ceux qui m’ont accompagnée dans cette épreuve, en Iran, en France et de par le monde, notamment en Suisse et en Italie.

En captivité, j’ai eu la tristesse d’apprendre la disparition de François Nicoullaud qui a tant fait pour les relations entre la France et l’Iran sans toujours être compris dans son pays. En atterrissant, ma première pensée est allée à Osman Kavala, injustement condamné à la prison à vie en Turquie. Je pense également à mes anciennes codétenues d’Evin, notamment Niloufar Bayani, Spideh Kashani et Kylie Moore-Gilbert qui m’ont soutenue dès mon arrestation provisoire et à mes compatriotes français qui n’ont pas encore recouvré leur liberté.

Désormais tout cela est derrière moi. Ce qui reste, ce sont tous ces gestes d’amitié et d’engagement, ces mobilisations de connus et d’inconnus, d’ami(e)s d’un jour et d’ami(e)s de toujours. Et évidemment, ce que le comité de soutien a su faire au-delà de mon cas, et pendant plus de 4 ans, par fidélité au principe de la liberté scientifique. Merci en particulier à Sandrine, Marielle, Richard, Corinne et Martine, et à tous ceux et celles qui ont accompagné les initiatives de mes amis Jean-François et Béatrice pour qui les mots ne suffisent pas pour exprimer mes sentiments.

Je n’ai rien d’autre à ajouter : à vous toutes, à vous tous, un immense merci !

Fariba

After four and a half years deprived of my freedom, I am back in France.

I would like to extend my heartfelt thanks to French diplomacy, in particular the Crisis Unit and our embassy in Tehran; my lawyer who was more than a lawyer, an incomparable support and friend; my institution Sciences Po, in particular Mathias Vicherat, Michel Gardette, Vanessa Scherrer and Stéphanie Balme, but also Bénédicte Durand and Frédéric Mion who was able to send his affection all the way to Iran; the Paris City Council and in particular Marie-Christine Lemardeley; the Strasbourg City Council; my colleagues at the Centre for International Studies at Sciences Po and my colleagues from elsewhere; the European Network for the Analysis of Political Societies (Réseau européen d’analyse des soiétés politiques – REASOPO) and in particular its president Irene Bono ; my friends in Iran and Afghanistan, whose gestures of solidarity and friendship in such difficult circumstances have touched me deeply; my little Iranian and Alsatian families, and Béatrice’s very large family; all those who have accompanied me through this ordeal, in Iran, in France and around the world, particularly in Switzerland and Italy.

While in captivity, I was saddened to learn of the death of François Nicoullaud, who did so much for relations between France and Iran without always being understood in his own country.

My first thought on landing was for Osman Kavala, unjustly sentenced to life imprisonment in Turkey. My thoughts also go to my former cellmates in Evin, notably Niloufar Bayani, Sepideh Kashani and Kylie Moore-Gilbert, who supported me from the moment I was provisionally arrested, and to my French compatriots who have not yet regained their freedom.

That is all behind me now. What remains are all the gestures of friendship and commitment, the engagement of people both known and unknown, friends for a day and friends for ever. And, of course, what the support committee has been able to do beyond my case, for more than 4 years, out of loyalty to the principle of scientific freedom. Thank you in particular to Sandrine, Marielle, Richard, Corinne and Martine, and to all those who supported the initiatives of my friends Jean-François and Béatrice, for whom words are not enough to express my feelings.

I have nothing else to add: to all of you, a huge thank you!

Fariba

N61 | 2023

Sociétés politiques comparées, 61, septembre-décembre 2023

Varia

Le paradigme de la révolution conservatrice à l’épreuve de la Russie poutinienne

Kathy Rousselet

Le paradigme de la « révolution conservatrice » proposé par Jean-François Bayart permet de saisir quelques-unes des principales logiques de la construction de l’État poutinien : l’opposition à un ennemi ; le répertoire identitariste national et impérial ; l’importance accordée aux valeurs spirituelles et morales ; le virilisme et la violence ; le soutien de classes sociales déclassées. On observe également des filiations généalogiques entre penseurs de la Russie post-soviétique et représentants de la Révolution conservatrice. La notion de conservatisme, si souvent utilisée pour analyser le système poutinien, mérite néanmoins d’être interrogée ; le philosophe Alexey Zhavoronkov préfère parler de « pseudo-conservatisme » ; son contenu dans les discours politiques est changeant et la rhétorique dite conservatrice sert avant tout à légitimer une politique de plus en plus autoritaire.

Charivaria

L’anticolonialisme comme frein au progressisme en Afrique, retour sur un impensé

Elgas

Ce court texte est la transcription de mon intervention au colloque « Religion et révolution conservatrice : perspectives comparatives » les 23, 24, 25 octobre 2023 à Genève, à l’initiative de la Chaire Yves Oltramare. Il revient sur le potentiel dévoiement des luttes progressistes captives d’une vision des sociétés colonisées encore très paternaliste. Avec deux focus sur les usages de la religion, l’islam en l’occurrence au Sénégal, et l’alliance pour le moins surprenante entre décoloniaux en Occident et identitaires au Sud, il évoque les fragilités du front anticolonial.

L’amitié scientifique, condition de la liberté

Béatrice Hibou

Ce court texte est la transcription de mon intervention lors de la cérémonie d’accueil de Fariba Adelkhah, quatre jours après son retour à Paris, organisée à Sciences Po le 20 octobre 2023, après quatre ans et demi de privation de liberté en Iran. Sociétés politiques comparées a organisé, durant toutes ces années, un cycle de textes sur la liberté scientifique en soutien à nos deux collègues, Roland Marchal et Fariba Adelkhah, arrêtés simultanément le 5 juin 2019 à Téhéran. Alors que Roland Marchal a été libéré le 20 mars 2020, Fariba Adelkhah est restée prisonnière du régime iranien jusqu’au 16 octobre 2023. Ce texte entend clore ce cycle, même si la question de la liberté scientifique continuera sans aucun doute à être au coeur de nos réflexions.

Rencontres européennes - Paris, 23-24 septembre 2021

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"Liberté scientifique et risques du métier :
la recherche comme profession"

XIIe Rencontre européenne d’analyse des sociétés politiques
Hôtel de Ville de Paris  et CERI-SciencesPo

Voir l'ensemble du programme

Jeunes Recherches

Gouverner l'incertitude : les walis de Casablanca (2001-2015)

Nadia Hachimi Alaoui

Thèse de doctorat en science politique présentée à l'Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence Aix-Marseille Université, Ecole doctorale Sciences Juridiques et Politique CHERPA, et dirigée par Béatrice Hibou et Mohamed Tozy

Date de soutenance : 17/12/2019

Le capitalisme de connivence au travail. Gouverner la main d’oeuvre étrangère ou le travail illibéral à l’île Maurice. Lucas Puygrenier

Lucas Puygrenier

Master science politique, mention politique comparée, Institut d'études politiques de Paris, école doctorale de Sciences Po.Mémoire co-dirigé par Richard Banégas, professeur (Sciences Po - CERI) et Béatrice Hibou, directrice de recherche (CNRS - CERI)

Date de soutenance : 04/06/2019

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